jeudi 20 août 2009

Nous sommes dans la merde et moi je...

Nous nous sommes fait réveiller par un oiseau vraiment trop zélé. C’était un de ces foutus moineaux en full plate qui semblaient prendre un malin plaisir à nous réveiller beaucoup trop tôt le matin en nous crevant les tympans. Même si je m’en cachais, j’adorais les animaux. Jamais je ne ferais du mal à aucun d’entre eux, mais ces moineaux en full plate étaient si agressants que j’avais presqu’envie d’assommer celui-là.

Pendant que tout le monde déjeunait, j’ai fait quelques étirements. La température humide et le réveil brutal n’avaient en rien aidé à ce que je me sente d’attaque à débuter cette journée. J’aurais bien dormi un peu plus longtemps, mais il nous fallait retourner à Rama dans les plus brefs délais. Nous y serions en sécurité pour discuter avec Tania. Je ne voulais le dire à personne, mais j’avais hâte de retourner à Rama pour une raison qui m’était propre. À la grandeur de la ville, il y avait certainement un temple du feu. Je pourrais donc tenter de communiquer avec Kaïtos et espérer obtenir les réponses à mes questions.

Quand tout le monde a été prêt à partir, Raïko a créé le portail qui nous ramènerait à Rama. Il a dessiné des symboles dans les airs et un cercle est apparu. Nous y sommes tous entrés et nous nous sommes retrouvés… encore une fois dans le bureau de maître Chamberlain. Au moins nous n’avions pas de chevaux cette fois-ci… Maître Chamberlain n’était pas content du tout. Il a exigé de Raïko qu’il lui fasse son rapport tout de suite. Il m’a semblé un peu trop sérieux. J’ai cru comprendre que Raïko avait la mauvaise habitude d’apparaître dans son bureau, mais quand même…

Nous sommes donc sortis du bureau et nous avons constaté une grande agitation dans le couloir. Il y avait beaucoup de gardes et de paladins autour de nous, plus que la dernière fois. Malaise… Reculons-nous subtilement derrière mes compagnons… Quelques gardes discutaient plus loin et leur conversation nous a surpris au plus haut point : Raïko serait accusé de haute trahison. Et qui plus est : une délégation de la White Blade Church s’en venait le chercher. J’ai été aussi étonnée que ces gardes par la nouvelle. Raïko, un traître? Il était beaucoup trop honorable pour trahir. Cette accusation était ridicule. C’était comme de dire que Callystus ou le prêtre étaient evil.

Nous avons regardé sans rien dire la délégation de la White Blade arriver et entrer dans le bureau de maître Chamberlain. Je ne pensais pas que nous allions être concernés par cette affaire alors j’ai été très étonnée quand nous avons été rappelés dans le bureau alors que les délégués y étaient toujours. À l’exception du prêtre, nous nous sommes tous fait accuser d’avoir brûlé un village. Il y aurait même des témoins. Comment pouvaient-ils connaître nos noms? Ça c’est tellement de la grosse bullshit! La trahison de Raïko, les accusations qui pesaient sur nous… C’est un coup monté par la White Blade pour nous mettre des bâtons dans les roues, c’est gros comme ça! Malheureusement pour nous, ils avaient bien préparé leur coup et maître Chamberlain ne pouvait rien faire pour nous aider. Man, talk about bad luck… Being at the wrong place, at the wrong time… Nous en sommes l’exemple parfait.

Nous avons été désarmés et nos bras ont été placés dans notre dos pour nous enchaînés. Les bracelets de métal maintenaient mes mains si près que je n’aurais même pas pu tenter de m’échapper si je l’avais voulu. Ce n’était même pas dans mes intentions de toute façon. Essayer de me sauver maintenant aurait été très stupide, avec tous ces soldats autour de nous. J’avais beau être plutôt révoltée, je ne pouvais que ronger mon frein et tenter de me calmer.

Quand nous sommes sortis dehors, mon moral a changé du tout au tout. Il y avait pleins de gens qui nous criaient des bêtises tout en nous accusant de ce qui s’était passé dans le village. Mais nous sommes innocents… Muuu. Et en plus (tout pour m’aider à être rassurée), tout autour des chariots dans lesquels on nous a fait embarquer, il y avait des paladins. Malaise… Je m’en vais vers une mort certaine… Malaise encore plus grand…

Gale et Sio sont embarqués dans un chariot différent du nôtre afin d’être emmenés dans un centre pour jeunes pour être éventuellement confiés au département de la protection de la jeunesse, ou un truc du genre. Au moins ils ne se ramassent pas en prison. Nous, c’est directement là que nous sommes envoyés, à la Tour Blanche pour être plus précise. Tout le long du chemin nous y emmenant, la foule a continué de nous crier des insultes, tout en nous lançant des légumes. Le seul que la situation ne dérangeait pas c’était Talis. Il attrapait les légumes et les mangeaient. Je suis contente pour lui qu’il soit aussi relax par rapport à tout ça (au moins ça en fait un), mais moi j’étais incapable de me calmer. Je me trouve dans un chariot entouré de paladins.... Je m’en vais dans une prison remplie de paladins… Au secours… Jamais je ne m’en sortirai vivante. Une fois que j’aurai passé les portes de la prison, je signerai mon arrêt de mort.

Dès notre arrivée, les hommes ont été emmenés dans des quartiers différents. On nous a donné des habits de prisonniers, qui ressemblaient à des sacs de patates, et on nous a ordonné de nous changer et d’enlever tous nos bijoux. Je me fichais de mes boucles d’oreilles, mais ça m’a fait mal d’enlever mon collier. Il était plutôt ordinaire et n’avait pas coûté cher, mais… c’était Kira qui possédait l’autre moitié et ça, ça faisait toute la différence. Ils m’ont permis de garder mes gants et mes bas, alors je me suis permis «d’oublier» que j’avais une bague et je me suis arrangée pour cacher ma boucle de nombril. Au moins, ils ont eu la décence de nous permettre d’aller dans une autre pièce pour nous changer, avec deux «paladines» pour nous surveiller.

Nous avons ensuite été emmenées dans des cellules, chacune dans une cellule différente. Je ne m’étais jamais retrouvée en prison et je comprenais maintenant pourquoi c’était une expérience qui ne m’avait jamais manquée. Une minuscule fenêtre donnait sur l’extérieur, un trou encore plus petit dans la porte permettait de communiquer avec les autres cellules, il y avait à peine de l’espace pour marcher et une odeur de je-ne-sais-quoi que je ne désirais absolument pas identifier flottait dans l’air. Charmant. Quant au bol de nourriture qu’on nous a apporté… Je remercie le ciel de ne pas avoir besoin de manger.

Est-ce que toutes les prisons sont comme ça? Si… charmantes et accueillantes qu’on s’y sent immédiatement chez soi et qu’on donnerait tout pour que notre séjour s’y prolonge le plus longtemps possible? C’est sans aucun doute le but de l’endroit. Peut-être qu’ils pourraient passer des annonces pour attirer les gens? Je vois ça d’ici : Charmant 1 pièce de 2 par 3 mètres, non-chauffé et non-éclairé, meublé, repas fourni, commodités disponibles, personnel accueillant, possibilités de rencontres avec des gens avec qui vous avez des intérêts en commun, loyer pas cher du tout. Peut-être même qu’ils pourraient offrir des forfaits? Genre : à votre deuxième séjour, recevez un chapeau assorti à votre sac de patates! Ou encore : à votre troisième séjour, recevez gratuitement la séance de torture de votre choix! Je suis certaine que ça pourrait marcher! Surtout s’il est précisé que des paladins gardent l’endroit!

Pourquoi des paladins?! Pourquoi des paladins ici pendant que moi je m’y trouve? J’ai dit que la situation me déplaisait? Est-ce que j’ai mentionné que j’allais sans doute mourir ici? Si on se fait interroger, et il est certain que ça va arriver, ça sera sans aucun doute par des paladins. Avec leur foutue manie de détecter les mensonges, je suis cuite. Ils vont tout de suite savoir que je mens à propos de mon identité et si je mens à propos de ça, qu’est-ce qui m’empêche de mentir à propos de tout le reste? Je vais me discréditer et discréditer mes compagnons avant même d’avoir ouvert la bouche.

Je me suis mise à marcher d’un bout à l’autre de ma cellule (deux pas et demi-tour, deux pas et demi-tour…) en essayant de trouver une solution à mon problème. Si je reste calme, tout devrait bien se passer. Oui… Rester calme, répondre à leurs questions de la façon la plus détournée possible (Prendre un détour ce n’est pas mentir!) et je devrais m’en sortir. God, who am I kidding? It would take a miracle to get me out of here in one piece… I just hope the others don’t notice how… nervous I am. Heureusement, elles semblaient toutes occupées à autre chose.

Tania a rompu le silence en nous disant qu’il fallait partir d’ici au plus vite. Je ne sais pas ce qui la faisait paniquer, mais nous n’avions aucune raison de ne pas l’écouter. Pendant que le garde se promenait d’un bout à l’autre du couloir, Callystus a déverrouillé sa cellule et s’est mise à faire la même chose pour nous toutes. Je ne sais pas comment elle a fait, mais je vais devoir lui demander qu’elle me le montre. Ça pourrait toujours m’être utile… si je réussis à sortir d’ici.

Nous étions maintenant toutes «libres», alors ne restait plus que le problème du garde à régler. La subtilité n’a jamais été mon fort, mais cette fois-ci, je vais faire un effort. Un… Deux… Trois…

Bang!

Au moment pile où le garde passait devant ma cellule, j’ai ouvert ma porte le plus fort que je le pouvais. K.O instantané. Ce problème réglé, j’ai transporté le garde dans ma cellule et je lui ai pris son épée. On ne sait jamais, si jamais notre évasion devait mal tourner (vu notre chance du moment, il est certain que ça va arriver), ça pourrait m’être très utile. Mais Tania ne désirant pas que des gens soient blessés, je vais tout faire pour ne pas m’en servir.

Le champ étant libre, nous nous sommes regroupées le plus silencieusement possible devant nos cellules. Nous avions du pain sur la planche, il fallait : -retrouver les gars
-récupérer nos affaires
-sortir d’ici en évitant de trop foutre le bordel
-aller chercher Raïko
-et tout ça, en évitant les paladins

Tania étant la seule qui pouvait se glisser entre les barreaux de la fenêtre et escalader le mur extérieur, elle s’est éclipsée le temps d’aller voir comment les hommes s’en tiraient. À son retour, elle a pu nous dire que tous allaient bien et elle est repartie pour tenter d’aller chercher nos affaires. En l’attendant, je me suis mise à réfléchir. La situation ne me semblait pas très favorable pour nous. Éviter les deux gardes devant la porte, sortir de la tour en un seul morceau et tout ça, en évitant les paladins. Comment vais-je m’en sortir? J’avais beau retourner la question dans ma tête, tous mes scénarios se terminaient de la même façon : baston!! Et si nous voulions survivre, il nous faudrait être un peu plus discrets que ça. Si seulement nous pouvions nous débarrasser d’un des deux gardes devant la porte… Peut-être… Peut-être que je pourrais tenter une diversion…?