dimanche 16 août 2009

Meeting Tania

Tout le monde nous a rejoints à table, mais les maîtres de maison nous ont quitté le repas à peine commencé. Nous avons alors eu tout le loisir de discuter des prochaines marches à suivre. Il nous fallait tout d’abord trouver Tania. Son père nous a dit que la dernière fois qu’il l’avait vue, c’était dans le village de Tyr, qui se trouvait à l’ouest d’ici. Il nous faudrait aussi retourner à Rama et probablement aller à Wateryard aussi. Pour ouvrir les portails qui nous feraient voyer d’une dimension à une autre, Raïko aurait besoin de beaucoup de préparation et de rassembler les ingrédients nécessaires. Un petit problème s’est présenté : la communication. Les habitants de ces autres dimensions ne parleraient pas nécessairement le même langage que nous. Quelques-uns avaient des sorts pour remédier au problème et Callystus possédait un traducteur universel. J’étais quant à moi très douée pour les langues. J’en ai fait la démonstration aux autres avec Callystus. Le problème des langues inconnues était donc réglé. Les maîtres de maison ne revenant pas, nous avons tous fini par quitter la table.

J’avais bien accepté de dormir dans la même chambre que Callystus, mais pas question que je me couche dans le lit. Je me suis cachée pour me mettre en pyjama et je me suis ensuite installée dans une chaise, enveloppée dans une couverture. J’aurais voulu m’endormir tout de suite, mais je n’ai pas pu. Callystus en avait gros sur le cœur et elle s’est mise à me parler de beaucoup de choses. Je n’étais pas méchante au point de la rembarrer alors je l’ai laissée se confier. Elle m’a parlé de la vie à Merra, de son peuple et surtout de la tragédie qui l’avait affligé. En effet, il y a 130 ans un sort interdit avait été lancé et presque toutes les femmes méréennes avaient été tuées. Il ne restait maintenant plus que quelques centaines de femmes pour plusieurs milliers d’hommes. Les démons en avaient profité, car les méréennes étaient les plus fortes. Elles étaient les seules à Merra qui pouvaient faire de la magie. Quant aux démons, il s’agissait de leurs pires ennemis et de la race qui peuplait le pays au sud de Merra, Edom. La petite fille avec le gros livre avait parlé en démonique, c’est pour ça que Callystus avait autant freaké. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je suis désolée? Bien sûr que j’étais désolée. Aucun peuple ne mérite de subir ça. J’avais aussi envie de lui promettre que je tuerais tous les démons qui oseraient s’approcher d’elle. I don’t care how evil or strong they might be, I will not let any of them hurt you. Je me suis finalement endormie au soin de sa voix.

Quand je me suis réveillée, j’étais couchée dans le lit. Mais qu’est-ce que je fais là? Deux secondes plus tard et j’étais levée, le cœur battant la chamade. God I hate this… Going to sleep in a place and waking up in another, especially in a bed… Callystus est arrivée à ce moment-là. C’est elle qui m’avait déplacée, parce qu’elle trouvait que j’avais l’air inconfortable. Mon corps avait effectivement craqué de partout quand je m’étais levée alors je suppose que ça devait être vrai. Je sais que son geste partait d’une bonne intention, mais je lui ai quand même demandé de ne plus faire ça. Je préférais dormir dans une chaise plutôt que dans un lit.

Avant de rejoindre tout le monde en bas, je devais d’abord faire un brin de toilette. Callystus m’a proposé son aide pour mes cheveux. Le moment de surprise passé, j’ai refusé. Je suis très bien capable de m’en occuper toute seule et puis c’est le genre de chose qu’on fait entre amies. Moi je ne veux pas me rapprocher au point de devenir amie. Ça rendrait les choses trop difficiles…

Callystus est repartie et j’ai commencé à me redonner une apparence humaine. Comme j’étais seule dans la pièce, j’ai pris tout mon temps et je me suis même octroyée le plaisir de me pomponner un peu. Je me suis lavée, j’ai pris le temps de me mettre de la crème, je me suis peignée, j’ai fait mes ongles (qui étaient d’ailleurs en piteux état)… Il y avait longtemps que je ne m’étais pas occupée de moi. Je ne voulais pas éprouver du plaisir à quoi que ce soit. Je voulais m’endurcir le plus possible, mais il y avait des moments où j’étais incapable de ne pas me laisser aller. J’étais peut-être une guerrière, mais j’étais aussi une femme.

J’ai retrouvé tout le monde en bas. Raïko m’a proposé une pommade pour mes ecchymoses de la veille. Je n’ai pas eu de problème à décliner son offre, prétextant que j’allais assez bien pour m’en passer. Ce qui n’était pas faux, mais…

Tania ayant été vue pour la dernière fois à Tyr, nous avons décidé de partir vers l’ouest. Tyr avait été détruite (selon les dires de Talis, les villes avaient tendances à être brûlées lors de leurs passages), mais un autre village se trouvait à proximité. Avant de partir à des centaines de kilomètres d’ici, il valait mieux explorer cette piste. Nous avons convenu de nous retrouver à l’extérieur dans une demi-heure, pour laisser le temps à tout le monde de faire ce qu’ils avaient à faire. Messire Julius voulait parler à Gale avant notre départ, mais ce dernier s’est enfui dans les jardins et il a dû le suivre. Sio a voulu s’en mêler, mais le prêtre lui a fait comprendre que ça ne le regardait pas du tout, que c’était une affaire qui ne concernait que Gale et son père. Callystus et moi sommes allées en ville pour nous acheter un peu de provisions. Nous avons profité pour prendre quelques rations pour Raïko.

Quand tout le monde s’est regroupé, nous avons dit au revoir aux maîtres de maison et nous sommes partis. Nous avons marché un moment dans la forêt des elfes, entourés de bambis, de petits ziozios, de lapinous… qui semblaient apprécier Arzhvael plus que ce dernier ne semblait en avoir envie. I don’t get that. They’re just so cute. How could you not want to cuddle them? Euh... I mean they’re just animals, nothing special or cute about them... Quand la forêt a commencé à être moins belle et que les bambis, ziozios et lapinous ont arrêté de nous suivre, ce fut signe que nous quittions le territoire des elfes.

Quand nous sommes arrivés à Tyr, j’ai compris ce que Talis voulait dire quand les villes où lui et sa fille allaient se faisaient dévaster. Je me suis sentie très désolée pour eux, surtout pour Tania. Ce n’est pas le genre de vie que je souhaiterais pour une enfant.

La noirceur s’est mise à tomber, créant une ambiance un peu creepy autour de nous. Ouais! Désolée… I like creepy places and since there’s no cemetery nearby, this is as good as it gets. I know, it’s weird, but I can’t help it. Better not tell the others…

Nous avons continué à nous enfoncer dans la forêt et c’est là que les choses se sont gâtées. Gale a commencé à sentir une odeur de fumée. Quand nous nous sommes rapprochés, j’ai fini par sentir la fumée moi aussi. Puis j’ai vu une colonne de fumée. Il ne m’en a pas fallu plus pour que je parte comme une flèche en direction de ce qui était probablement une ville en train de brûler. Une petite voix dans ma tête m’a dit que j’aurais dû attendre et prendre le temps d’analyser la situation, car dieu sait ce que j’allais trouver là-bas, mais je n’ai pas pu. Je ne pensais qu’à ces pauvres gens qui étaient en danger.

Je suis arrivée et j’ai trouvé des paysans tentant tant bien que mal d’éteindre le feu qui ravageait une grange. Ils n’avaient que des petits sceaux et ne risquaient pas d’y arriver de sitôt. J’ai donc couru vers eux pour leur demander ce qui se passait et pour leur proposer mon aide (même si je ne voyais pas ce que je pourrais faire de plus). Au lieu de me faire accueillir par des demandes d’aide, je me suis fait accuser d’être la cause de ce qui se passait. Callystus m’avait suivie et elle a aussi été prise dans la tourmente. Nous nous sommes fait entourer de toutes parts par des paysans et ceux qui avaient les plus gros bras nous ont immobilisées. Ils se sont mis à nous malmener tout en clamant leur intention de nous faire subir le même sort que celui que subissait leur ville, aka nous transformer en feu de joie. J’ai eu beau leur dire et leur redire que je n’avais rien à voir dans tout ça, ils n’ont rien voulu entendre.

Je n’avais aucune intention de finir ma vie ici et maintenant, et surtout pas en petit tas de cendre, mais je ne pouvais frapper ces hommes pour me déprendre. Ils n’étaient que de pauvres paysans et ne feraient pas le poids face à moi. Si je les frappais, ils mourraient sans aucun doute. Nous étions entourées de plusieurs dizaines de paysans, alors comment nous en sortir? J’ai essayé de nous créer une porte de sortie en endormant des paysans, mais ceux qui sont restés debout se sont mis à crier que nous les avions tués et que nous étions des sorcières. It’s a good thing that I always keep my gloves on then…

Je commençais à me dire que je n’avais plus le choix d’utiliser la violence pour nous permettre de nous en sortir, quand quelque chose d’étrange s’est produit. Les paysans ont tous semblé sous le choc et ils nous ont lâchées. Je ne sais pas qui ou quoi était la cause de cet état, mais c’était le moment ou jamais d’agir. Je savais que j’allais regretter ce que je m’apprêtais à faire, mais c’était le seul moyen que je voyais pour nous en sortir toutes les deux. Je ne pouvais pas abandonner Callystus. C’était le seul moyen, mais je m’en mordrais les doigts. Callystus a fait un pas vers moi et je l’ai serrée dans mes bras. J’ai ensuite sorti mes ailes et je nous ai emmenées le plus loin possible dans les airs. Les paysans se sont mis à nous tirer dessus alors j’ai dû nous éloigner encore plus.

C’est en montant dans les airs que j’ai aperçu une silhouette vêtue d’une cape noire qui fuyait avec grande panique les paysans en furie. Je me suis dit qu’il/elle devait être dans la même situation que nous : il/elle s’était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme la silhouette semblait très apeurée, j’ai décidé de lui donner un coup de main. La seule chose que je pouvais faire c’était de la prendre dans mes bras et de m’envoler avec elle, alors je suis descendue. Quand je suis arrivée devant elle, elle a paniqué et elle s’est enfuie. Je n’ai même pas eu le temps de lui dire que j’étais de son côté qu’elle avait disparu de ma vue. Callystus a gardé un œil sur il/elle le temps que je remonte. Je suis ensuite repartie à sa poursuite, mais il s’est passé quelque chose de bien étrange la deuxième fois où j’ai sauté entre deux immeubles. J’ai sauté, mais quand je suis arrivée en bas, la silhouette avait mystérieusement disparu. Les paysans qui la poursuivaient ont été aussi surpris que moi et c’est sans doute ça qui m’a sauvé la vie. Ils ne m’ont pas porté attention un seul instant et ils ont fait demi-tour.

Quand je suis remontée en haut pour rejoindre Callystus, j’ai entendu la voix du prêtre dans ma tête. Il avait l’air fâché, ou en tout cas irrité. That’s weird. Je ne l’imagine pas du tout fâché. Il nous a demandé d’arrêté de poursuivre la silhouette. Si c’était quelqu’un d’evil, ce n’était pas une bonne idée. Et si c’était quelqu’un de good, nous ne réussirions qu’à lui faire peur. Je n’avais pas pensé à ça… Si cette personne est la cause des incendies, j’ai vraiment été idiote de la suivre et si elle est aussi innocente que nous, j’ai dû lui causer toute une frousse. Je n’arrive pas à croire que je me sois laissée emporter de cette façon. J’ai pourtant travaillé si dur pour finalement arriver à être calme et réfléchie, parce que dieu sait à quel point eux pétaient leur coche souvent.

Callystus et moi avons rapidement rejoint les autres, mais j’ai tout de même pris le temps d’atterrir et de rentrer mes ailes. Il ne me reste plus maintenant qu’à espérer que ceux qui m’ont vue voler ne m’en feront pas la remarque. La silhouette encapuchonnée s’est avérée être Tania Stonewall. Après que son père l’ait rassurée sur nos identités, elle s’est mise à nous toucher le visage, comme si c’était sa manière de faire connaissance. Ça ne m’a pas fait peur qu’elle me touche de cette façon, mais ça m’a rendue un peu mal à l’aise. J’ai aussi éprouvé une sensation très étrange en la rencontrant et encore plus en lui serrant la main lors des présentations. C’était comme si une partie de moi la connaissait. Tania a d’ailleurs dit qu’elle connaissait nos véritables noms (ceux qui étaient écrits sur la table de pierre dans ce «rêve» que nous avions tous fait).

Tania était prête à répondre à toutes nos questions, mais une bonne nuit de sommeil ne nous ferait pas de tort. Tania n’avait pas besoin de dormir, mais nous si. Comme nous étions maintenant assez loin du village, nous avons décidé d’établir notre campement sur place. Je me suis promenée un moment avant de finalement m’installer pour la nuit. J’ai sorti mes ailes… Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai sorti mes ailes… Moi qui voulais tellement passer pour une humaine ordinaire… J’ai réussi par moi-même à révéler mon secret. Bravo Nariko. Pourquoi pas leur révéler tout le reste un coup parti? Une partie de moi s’en voulait énormément d’avoir eu recours à cette solution aussi rapidement (j’aurais dû réfléchir un peu plus longtemps, j’aurais dû tenter autre chose), mais si je ne l’avais pas fait, Callystus et moi n’aurions pas pu nous en sortir. Et comme je ne tenais pas particulièrement à être tuée par des paysans déchaînés, je n’avais pas trop le choix. Callystus ne me semble pas être le genre de personne à ouvrir sa bouche à tort et à travers, mais je crois que je vais quand même prendre le temps de lui parler, pour être certaine qu’elle ne parle à personne de ce qui s’est passé…