mardi 5 octobre 2010

Je ne suis pas forte, je suis effrayée

Nous avons vu chibi Laurian et sa mère. Vu la ressemblance entre les deux, je crois bien que c’était sa mère, ou plutôt la mère de l’enfant dont Laurian a pris la forme. La femme s’est fait torturer et Laurian s’est fait tabasser parce qu’il ne voulait pas se nourrir de sa chair. C’était un endroit charmant, avec des volcans partout et des cadavres sur des pics en guise de décoration. Et que dire de cette odeur de sang qui flottait dans l’air…? Après cette vision, le type qui avait voulu forcer Laurian à manger s’est avancé vers nous et Laurian avait l’air (très beaucoup) en état de choc. Je ne sais pas qui c’était, mais vu le visage de Laurian, j’espère ne jamais le rencontrer.

Nous avons vu ensuite le rêve de Sio. Elle rêvait d’être prêtre. Chez elle, les prêtres (qui font du défensif) sont jumelés à des généraux (qui faisaient de l’offensif). Elle a dit que ça n’arriverait jamais parce qu’elle était général. Ça je peux le comprendre, mais pourquoi ses parents ne voudraient jamais la prendre dans ses bras? Son cauchemar était d’être enfermée seule dans une grotte durant des années (elle l’avait en fait vraiment été durant 70 ans). Une femme dans un cristal lui a dit de les faire payer et Sio a pété une fuse et a essayé de nous tuer. Alors c’est ça sa plus grande peur? Perdre le contrôle de ses pouvoirs et tuer des gens? Nous avons ensuite vu une image de son passé, quand elle était bébé, au moment où elle s’est fait mettre son étoile. Un seal est apparu au-dessus d’elle. Son étoile a fait des flammèches et le seal a fini par disparaître. Le seal ressemblait un peu trop à mon goût à celui de Gale. Laurian a dit que c’était le deuxième seal. Quelles étaient les chances que deux seals se retrouvent à voyager ensemble? Le destin, même si c’est de la merde, doit vraiment exister.

Après ça a été au tour d’Arzhvael. Dans une maison de campagne, toute sa famille était réunie. Il a présenté sa fiancée à sa mère. C’était vraiment un beau moment, que nous n’avons pas pris de temps à briser. J’ai été particulièrement cruelle. Je lui ai dit que sa fiancée était morte et qu’il ne se marierait jamais avec elle. Si j’avais su la suite, jamais je n’aurais dit ça. La suite, le cauchemar (la réalité en fait), était que la maison, et ceux qui étaient dedans (à quelques exceptions près) brûlaient. Ensuite ce fut le tour de la ville au complet. Mais pourquoi il a fallu qu’Arzhvael soit tout nu dans un cratère? Moi aussi je pleurerais après quelque chose comme ça, mais pourquoi il fallait qu’il soit tout nu?

Après nous avons vu le rêve de Raïko. Son rêve était d’avoir une vie de famille happy de la vie (quand il était jeune) avec ses parents et sa sœur. Nous n’en avons pas vu longtemps parce que Raïko a effacé la vision. On peut faire ça? Ou alors c’est juste Raïko à cause de son œil? Ça serait pratique qu’on puisse tous le faire. Son cauchemar était des moments qu’il avait passés avec sa sœur. J’avais déjà vu la première partie, quand il tentait de protéger sa sœur contre une foule enragée. Les gens sont parfois tellement cons. Ils ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas et plutôt que de chercher une bonne explication, ils se tournent vers le premier bouc émissaire qu’ils voient. Les récoltes ont été perdues? C’est bien sûr de la faute de deux enfants innocents. Ils se sont fait jeter en-dehors d’Arcadia et pendant quelques années après ça, ils ont vécu en fugitifs. La sœur de Raïko est tombée malade et il l’a quittée juste le temps d’aller chercher des médicaments. Quand il est revenu, ses vêtements étaient tous déchirés… Raïko a arrêté la vision à ce moment-là. Nous n’avions pas besoin d’en voir plus. Je ne sais pas pour les autres, mais moi j’avais compris. Ça peut très bien expliquer pourquoi sa sœur est si… inexpressive. Ce genre d’événements est assez pour briser quelqu’un. Comment j’ai fait pour y survivre moi?

Le moment que je redoutais a fini par arriver, quoiqu’au début ce fut très agréable. J’étais mariée avec Kira, qui était d’ailleurs en train de prendre le thé avec mes parents. Les enfants couraient autour d’eux pendant que moi je préparais à manger dans la cuisine. Je ne voulais pas du tout me souvenir de la réalité, des batailles ni même de Kaïtos, mais ils m’ont pété ma bulle très rapidement. Laurian a dit que cinq minutes de plus auraient seulement rendu les choses plus difficiles. Peut-être, mais j’en avais quand même besoin. Pendant un très bref instant j’ai goûté au bonheur parfait. Dans la réalité je ne le connaîtrai jamais, alors je voulais ne profiter le plus longtemps possible. Arzhvael a beau eu dire qu’il ne fallait jamais dire jamais, dans ce cas-ci c’était possible. Jamais ne n’aurai ma fin heureuse avec Kira et jamais je ne m’entendrai bien avec mes parents.

La suite ce fut de revivre le pire moment de mon existence. La petite pièce… Deux de mes ravisseurs… Et ce n’était pas seulement de revoir l’agression, mais aussi de la revivre. Toutes ces émotions et ces sensations que j’avais enfouies au fond de moi sont remontées à la surface. L’impuissance… La douleur… Mais surtout la peur. Cette peur qui me paralysait et m’empêchait de m’enfuir. Comme autrefois, je me suis retrouvée acculée dans un coin de la pièce, persuadée que j’allais mourir. C’est sûr que je vais mourir. Jamais je ne survivrai à une autre agression comme celle-là. C’est la deuxième fois que je vis quelque chose comme ça. C’est comme si je venais de perdre, encore, un morceau de mon âme. Elle n’est peut-être pas encore brisée, mais ça va venir.

C’est seulement maintenant que je prends conscience à quel point je suis faible et pathétique. Mes compagnons avaient beau me dire le contraire, je ne me sentais pas forte du tout. Si j’étais vraiment forte, je me serais défendue. Si j’étais vraiment forte, je n’aurais pas aussi peur. Je ne sais pas si je devais me réjouir de leurs paroles réconfortantes ou alors pleurer. Probablement rire en fait. Rien ne m’aidait. Leur présence si près de moi me terrifiait tellement que j’avais envie de hurler. Si l’un d’entre eux avait le malheur de me toucher, je me mettrais à pleurer. Et tous ces «tu n’es plus seule» et «nous allons leur péter la gueule s’ils osent t’approcher»? Ils n’aidaient pas du tout. Vous ne pouvez pas me surveiller 24 heures sur 24. Vous ne serez pas toujours là et le jour où vous aurez le dos tourné, ça sera la fin. Parce que tout ce que vous pensez que je suis, c’est faux. Je ne serai jamais assez forte.

J’aurais voulu leur expliquer qu’ils se trompaient à mon sujet, mais l’atmosphère a commencé à changer, se remplissant de fumée noire. J’ai d’abord cru que nous allions voir un autre épisode de ma pathétique existence, mais la fumée noire avait quelque chose de très familier. Quand j’ai vu les yeux rouges, j’ai tout de suite deviné de qui il s’agissait. Mes vêtements ayant miraculeusement réapparus sur mon corps, j’ai couru vers les yeux rouges. Quand je l’ai vue, j’ai su que j’avais raison. C’était Sigma. C’était ma mère. Elle était creepy à souhait, mais elle était tellement belle. Si je n’avais pas eu peur de sa réaction, je me serais tout de suite jetée dans ses bras en pleurant et en lui disant que je l’aimais.

Les guardians avaient senti quelque chose d’inhabituel, d’où la présence de Sigma. Nous étions chanceux d’être dans le passé parce que les guardians avaient pour ordre de tuer les time mages on sight. Trop dangereux. Sigma voulait que nous retournions d’où nous venions. Nous ne demandions que ça, mais pas avant d’avoir fait tout ce que nous avions à faire.

J’ai fini par oser demander d’avoir un câlin. C’était ma mère, mais aussi la guardian de darkness. Alors elle n’aimerait peut-être pas que je me montre trop familière. Elle a approché sa main de mon visage. C’était comme si elle me touchait sans me toucher. Elle m’a appelée l’enfant qu’elle ne verrait jamais grandir. Moi je l’ai appelée la mère que je ne connaîtrais jamais. Ça rendait la rencontre d’autant plus importante. Sans parler nous nous disions tout. Nous aurions pu rester des heures comme ça et nous nous serions toujours comprises.

Nous avons eu la visite d’autres guardians, celui du vent et celui que je redoutais de voir, Kaïtos. J’avais au fond de moi bien entendu envie de le revoir. J’avais tellement de choses à lui dire et encore plus de questions à lui poser, mais celui pour qui j’avais tant d’affection, c’était le Kaïtos de mon époque, pas celui-là. Il a dû se poser des dizaines de questions quand il m’a vue, ou plutôt quand il a senti ce que je portais dans mon ventre. Il s’est dirigé vers moi avec l’air de quelqu’un qui était prêt à utiliser tous les moyens pour obtenir ses réponses. Sigma l’a arrêté en plaçant son bras devant lui.
-She might be from another time, but she’s still my daughter.
(Yééé. Ma maman me protège.)
-It seems she has my daughter too.
-... Hein?
Est-ce que Kaïtos vient vraiment de dire que je porte sa fille? Yééé, mais hein? Comment il peut savoir ça? Et il est certain? Je vais vraiment avoir une petite fille?

Kaïtos a dit qu’il retournait sur le champ de bataille. Il vaut peut-être mieux que je m’abstienne de lui dire de faire attention. Vu son air encore plus fâché que d’habitude, je crois qu’il me calcinerait sur-le-champ.
-You better take care of her, m’a-t-il demandé.
-Bien sûr que je vais en prendre soin. Mais comment vous pouvez savoir que c’est une fille?
-Stupid question!
-…
Comment ça, «stupide»? Je suis désolée, mais je ne suis pas capable, rien qu’en me regardant le ventre, de savoir si c’est une fille ou un garçon! Sinon je l’aurais déjà fait!

Quand il n’est plus resté que Sigma, j’ai enfin eu droit à mon câlin. Comme je savais qu’elle pouvait lire dans mes pensées, je ne me suis pas embarrassée de mots. Mais j’ai pensé de toutes mes forces ce que je voulais qu’elle sache. I love you mom. I love you so much. Elle m’a demandé de rester forte et m’a dit que quoi qu’il se passe, la darkness me protégerait. Je lui ai répondu que j’essaierais, mais je n’étais pas totalement convaincue de ce que je disais. Tout ce que je voulais c’était qu’elle soit fière de moi, mais comment pouvait-elle l’être en ce moment?

Elle est partie et le tigre est réapparu. Le test allait s’arrêter là à cause des guardians. Et Gale n’avait pas pu être testé à cause de sa overly protective épée. Je me suis réveillée avec l’impression d’avoir eu la meilleure nuit de sommeil de ma vie. Mais je me sentais toujours aussi mal. Le sage nous a demandé ce que nous avions appris de tout ça. Nous avons tous eu des passés de merde. Pas ça? Alors… J’ai appris que ma mère m’aimait vraiment de tout son cœur et que tout ce qu’elle désirait c’était de me protéger? J’ai eu la confirmation de ce que je savais déjà : si je fais quoi que ce soit qui mettra la vie de mon bébé en danger, Kaïtos m’arrachera la tête? Ou encore : je n’ai plus besoin de chercher d’idées de prénoms? Je ne sais pas comment Kaïtos fait pour savoir que c’est une fille, mais s’il le dit, c’est que c’est vrai. Il ne me mentirait jamais. Ou encore mieux : je me suis rendue compte que malgré tous mes efforts au combat, malgré tous les efforts que j’ai mis à me convaincre que je m’entraînais pour devenir plus forte, je suis la petite fille effrayée que j’ai toujours été? Je doute que ce soit ce que le tigre veuille entendre alors il vaut mieux me taire. Nous ne serons plus jamais seuls et nous sommes tous là pour nous soutenir mutuellement dans l’adversité? Je n’ai rien contre ça, mais n’allez pas me faire croire que nous avions besoin de voir les pires moments des autres pour ça. Bullshit. En quoi ça m’a aidée et en quoi ça a aidé les autres de me voir me faire violer? Ce «test» n’aura servi à rien d’autre qu’à créer un malaise entre nous. Il n’aura servi à rien d’autre que de faire remonter à la surface mes plus grandes peurs. And I’m really scared…


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Eos / Michael a dit…

les pires moments sont bien souvent ceux du passé et ceux qui s'en viennent, nous pouvons faire en sorte de les surmonter en apprenant à devenir plus forts que nous le sommes en ce moment, c'est un peu ce que Azuro voulait nous dire je crois, enfin si ce n'est pas ça, alors je suis dans le champs total