jeudi 10 juin 2010

Je suis bien partie pour être toute seule

Arzhvael m’a demandé de lui promettre de faire attention à moi. J’ai trouvé ça tellement cute que je n’ai pas pu m’empêcher de le dire à haute voix. Je crois qu’il n’a pas apprécié. C’est un truc d’orgueil mâle ça aussi? Je suis un homme alors je n’aime pas qu’on me dise que je fais des trucs cute? Je vais essayer de m’en rappeler.

Comme je n’aurais bientôt plus l’occasion de le faire, j’ai continué à taquiner Arzhvael sur le fait qu’il était un elfe. Il l’a mal pris, mais je lui ai expliqué que c’était juste une excuse pour que nous nous battions. Après ça il n’était plus fâché et nous sommes allés dehors pour nous taper dessus amicalement. J’avais peur de mettre encore Arzhvael ko, alors j’ai frappé juste un coup à chaque fois que c’était mon tour d’attaquer. Le combat se déroulait plutôt bien, mais j’ai réussi à me briser la main. Pas parce qu’Arzhvael avait la tête dure… parce que le mur de la maison de Monochrome a décidé de dire bonjour à ma main.

Ça a tellement fait mal que j’ai eu l’impression que tous les os de ma main ont craqué. En fait, ça a tellement fait mal que si j’avais frappé un peu plus fort, je crois que je me serais tuée. Ça aurait donné une belle épitaphe : Ci-gît Amarice, qui s’est auto-suicidée en frappant sur une maison. Arzhvael a été très galant : il m’a laissé replacer mes os et bander ma main avant de continuer à me taper dessus. Et pour taper, il a tapé : je suis tombée dans les pommes. Mais mis à part cette petite égratignure sur ma fierté, j’allais bien. La dernière fois c’était moi qui avais fait voir 36 chandelles à Arzhvael, alors nous étions quittes.

Je me suis réveillée dans ma chambre, Arzhvael à côté de moi. Quand il a été rassuré sur mon état, il est parti. J’avais atrocement mal à ma main, qui avait d’ailleurs doublé de volume, mais la douleur en valait la peine. Je ne pourrais plus me permettre ce genre de luxe avant bien longtemps, parce qu’Arzhvael allait partir de son côté, mais surtout parce que j’étais enceinte et que je ne voulais pas mettre la vie de mon bébé inutilement en danger.

Arzhvael est revenu me voir pour me demander de lui apprendre à lire et à écrire au plus vite. Il avait l’air tellement motivé que j’ai accepté. Mais avant, je devais aller parler à Callystus. J’avais bien vu qu’elle n’allait pas bien alors en tant que son amie, c’était la moindre des choses que j’essaie de lui remonter le moral. Elle était dans la bibliothèque, derrière une montagne de livres qui concernaient tous les dimensions. Elle m’a dit qu’elle avait beaucoup de choses en tête, mais elle ne voulait pas m’en parler. Je lui donc rappelé que je serais toujours là pour elle et je suis partie. J’ai fait un petit détour par la chambre où était Kaïtos, mais comme il n’y avait pas de changement, je suis retournée voir Arzhvael.

J’ai passé la majeure partie des trois jours suivants à apprendre à Arzhvael à lire et à écrire. Quand Laurian est venu me voir pour me parler, j’ai clairement fait comprendre à Arzhvael que c’était dans son intérêt d’avoir fini sa ligne quand je reviendrais. Je crois qu’il m’a prise au sérieux.

Laurian m’a donné un artefact de feu qu’il avait fait pour Kaïtos. Je n’avais qu’à peser sur un bouton et une boule de feu apparaîtrait. C’est vrai que ça risque de mieux passer si ça vient de moi. J’ai remercié Laurian et en retour, lui m’a demandé de faire attention à moi, de ne pas me pitcher… Je l’ai trouvé plutôt insistant. Il veut en venir où?

Quand je suis retournée voir Arzhvael, j’ai trouvé Gale en train de l’écoeurer sur les lettres qu’il écrivait. Je l’ai taquiné en lui disant qu’il était méchant et qu’il devait aller dans un coin pour être puni. Il a eu l’air de mal le prendre. Je jure que je voulais seulement plaisanter, pas le fâcher. Je m’excuse…

Nous nous sommes tous réunis et nous avons finalement décidé de tous partir ensemble au grand temple de la White Crescent à Wateryard. De toute façon, ça n’avait jamais été une bonne idée de nous séparer. Pourquoi nous voulions faire ça déjà? Je me souviens que nous voulions préparer le terrain pour Laurian, mais pourquoi nous voulions aller à Merra en premier lieu? Pour y chercher des renseignements sur nos armes…? Je ne me souviens pas s’il y avait autre chose… Callystus a dit qu’elle avait une autre raison. J’ai bien deviné que cette raison devait être de revoir sa famille, mais aussi triste que ce soit pour elle, nous ne pouvions pas faire de «petit» détour par Merra pour une seule personne.

Nous avions une heure pour nous préparer, le temps que Raïko fasse le portail. Je me suis occupée d’aller chercher Kaïtos, puis je suis allée voir Hayaté. Je lui ai donné le journal intime de sa sœur et le vieux bilboquet que j’avais trouvé dans la même pièce. Si quelqu’un devait les avoir, c’était Hayaté. Moi je n’avais aucun droit de les garder.

Une fois le portail fait, nous sommes tous entrées dedans et nous sommes réapparus… dans le bureau de maître Chamberlain. Pourquoi je ne suis pas surprise? Le supérieur de Raïko était furieux de nous voir débarquer dans son bureau… encore, mais aussi surpris. Apparemment, tout le monde croyait que Raïko était mort. Trois mois s’étaient écoulés depuis notre dernière visite. Nous étions au mois de novembre. Au mois de novembre?! Marde… J’espère que Laguna a dit vrai et que les chaleurs sont définitivement arrêtées maintenant que je suis enceinte. Je ne survivrais pas à ça une deuxième fois en quelques semaines.

La secrétaire de maître Chamberlain s’est chargée de prévenir tout le monde du retour de Raïko (pour éviter que nous ne créions une commotion) et nous sommes sortis pour laisser Raïko seul avec son chef. Laurian et moi sommes allés aux écuries pour nous occuper de nos chevaux. Je ne suis pas restée longtemps, parce que le palefrenier a commencé à me regarder bizarrement. Il m’a dit que je ressemblais beaucoup au portrait sur les affiches qui étaient placardées dans toute la ville. Peut-être que je me suis imaginée des choses, mais j’ai eu l’impression que c’était seulement moi qu’il regardait. J’ai demandé à Laurian de s’occuper de mon cheval et j’ai couru prévenir les autres.

En chemin, j’ai remarqué quelque chose de bizarre dans le temple : on aurait dit qu’il y avait moins de prêtres qu’avant. Je suis allée voir un chevalier pour lui poser quelques questions. Il y avait beaucoup de tensions avec la White Blade, dont l’influence avait beaucoup grandi. Quant au moins grand nombre de prêtres, ce n’était pas qu’il y en avait moins. Il y avait seulement plus de chevaliers pour assurer leur protection.

Je suis arrivée aux autres quand Raïko sortait du bureau de maître Chamberlain. Il avait été mis au courant par ce dernier des tensions avec La White Blade. Comme leur influence auprès des monarques était maintenant plus grande, nous ne pouvions plus compter sur eux pour nous protéger. Quant à ma tête mise à prix, Raïko a souligné, et avec raison, que je n’étais pas la seule femme rousse du continent. C’est vrai. Et c’est peut-être aussi vrai que je m’énerve pour rien, mais toutes les femmes aux cheveux rouges n’ont pas une famille de psychopathes qui font des pieds et des mains pour la retrouver. Je m’en fais sans doute pour rien, surtout que Laurian a dit que la/les personnes recherchées l’étaient pour meurtre, tentative de meurtre et ce genre de choses.

Il avait été prévu que Laurian fasse le portail qui nous emmènerait à Uman’lil, mais Raïko trouvait qu’il était trop risqué de sortir de la ville. Et apparemment, nous ne pouvions pas faire un teleport, parce que c’était détectable. Un portail ne l’était pas alors Raïko a décidé que nous allions dans son bureau pour qu’il puisse le faire. Mais ce n’est pas lui qui a déjà dit que faire un portail l’épuisait et qu’il ne pouvait ensuite plus en faire avant plusieurs jours? Est-ce que c’est une bonne idée de le laisser faire? Callystus n’était pas de cet avis et elle l’a dit à Raïko, d’un ton plutôt exaspéré. Ça n’a pas plus à Raïko. Puis le prêtre a ouvert la bouche et Callystus a pété un plomb contre lui. Puis Arzhvael s’en est mêlé. Il s’est fâché et il l’a agrippée par le collet, lui reprochant de s’en prendre sans raison. Il a heureusement fini par la lâcher, sinon je jure que j’aurais fini par le frapper pour qu’il le fasse.

J’ai essayé de prendre la main de Callystus, mais elle m’a repoussée et elle a traversé le portail. Nous l’avons tous suivie. Nous sommes arrivés à l’extérieur de la ville, devant deux chasseurs qui n’ont pas semblé plus étonnés que ça.

Gale n’avait aucune envie d’entrer et il a décidé qu’il nous attendrait dehors. Mais quand tout le monde va-t-il finir par comprendre que ce n’est pas une bonne idée de rester seul? Gale ne semblait pas s’en soucier, car il m’a répondu qu’il pouvait mieux se défendre que chacun d’entre nous. Je m’en fiche! C’est beaucoup trop risqué de rester seul, arme élémentale ou pas! Je pouvais comprendre Gale, mais je n’ai pas du tout compris Callystus, quand elle a dit qu’elle allait rester avec lui. Euh… Il ne faut pas rester seul… Elle avait besoin de réfléchir sur elle-même et voulait rester seule. Euh, pardon? Tu veux faire de l’introspection et tu veux rester seule? Tu es prête à prendre le risque de te faire capturer tout simplement parce que tu as besoin de réfléchir? Tu penses vraiment que c’est le moment pour bouder? J’étais tellement hors de moi que j’ai dit à Gale et à Callystus qu’ils pouvaient continuer leurs enfantillages imbéciles et je suis partie à la suite de Laguna, qui était pressée de revoir sa famille. Gale a capitulé et a accepté de suivre, très à reculons.

Uns fois chez Laguna, j’ai demandé à son mari s’il savait où se trouvait Forest. Il a suffi que je prononce son nom pour qu’il apparaisse. Excellent! J’ai donc décidé pour Forest qu’il avait envie que venir avec moi pour que je lui parle et je l’ai poussé en direction de ma chambre (nous avions les mêmes chambres que la dernière fois que nous étions venus). Une fois à l’intérieur, j’ai sorti Kaïtos de mon sac et j’ai activé l’artefact que Laurian m’avait donné. J’ai rapidement expliqué à Forest ce qui s’était passé (il a perdu l’esprit, Laguna l’a attaqué, je m’en suis un peu mêlée) et je lui ai posé la question qui me préoccupait tant. Il m’a demandé pourquoi je voulais savoir ça. Comme il ne servait à rien de lui cacher la vérité, j’ai été directe.

L’air que son visage a pris quand je lui ai dit que nos chaleurs s’étaient déclenchées dans l’autre monde valait beaucoup d’argent. Après, il n’a pas mis longtemps à comprendre que j’étais enceinte. L’histoire que j’avais entendue de Laguna était bien vraie. Un half-blood qui ne contrôlait pas ses pouvoirs de feu avait tué sa mère. Quant au half-blood, le guardian avait été obligé de le tuer. Mais comme il ne s’agissait que d’une possibilité parmi tant d’autres, je ne devrais pas trop m’en inquiéter.

Forest ne savait pas combien de temps Kaïtos resterait comme ça. Ça pouvait être des mois, des années… Des années? Muuu. Je ne veux pas qu’il reste inconscient des années. Je ne veux pas traverser ma grossesse toute seule. Forest s’est montré plutôt rassurant. Il m’a serrée dans ses bras et m’a dit de ne pas voir cet enfant comme une curse. Don’t worry, I don’t. Je vais prendre soin de cet enfant et je vais tout faire pour le protéger. J’ai seulement besoin de temps pour m’habituer à l’idée que je suis enceinte.

Avant de partir, Forest a émis l’idée de jeter Kaïtos dans un volcan pour qu’il se régénère. Cette idée m’inquiétait un peu, mais tant qu’à ne rien faire… Et puis nous avions beau être revenus dans notre monde, facilitant ainsi la guérison de Kaïtos, combien de temps aurait-il besoin pour se remettre sur pied, si les choses n’étaient pas un peu précipitées? Je vais devoir faire face à tout ça seule et surtout, je n’aurai pas le choix de dire à tout le monde que je suis enceinte. Je me demande quelle sera leur réaction…