mardi 21 juillet 2009

I'm doomed...

Nous sommes sorties de la ville et j’ai eu un éclair de génie : c’est par où Eomiss? Parce que c’est bien beau aller vers le sud, mais c’est assez vague comme direction. Et me connaissant comme je me connais, sans carte, nous risquerions de nous retrouver à Uman’lil au lieu d’Eomiss. Callystus ne connaissait pas non plus la direction précise à prendre et son scanner ne voyait pas assez loin pour nous aider. Pour mon plus grand malheur, nous n’avions pas le choix de retourner en ville. Non… Pourquoi moi…? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça? Tout ce que je veux c’est retourner chez moi et oublier tout ça, c’est vraiment trop demander?

Nous avons patienté derrière tous les gens qui voulaient entrer en ville. Pitié, ne me dites pas que vous êtes tous là à cause de ce foutu congrès de religion? Pourquoi…? La religion, ou plutôt les prêtres et les paladins, c’est evil. Ça ne sert à rien d’autre que de me faire chier et de rendre ma vie très pénible. Ma vie serait tellement mieux sans prêtres et sans paladins fanatiques. Bon… Peut-être pas tellement mieux… Sans doute pas tellement mieux… Pas du tout tellement mieux en fait… Mais beaucoup de points négatifs valent mieux que beaucoup, beaucoup de points négatifs… non? Dans mon cas ça serait à discuter, mais je peux toujours espérer…

Une demi-heure plus tard, nous avons finalement passé les portes. Ce qui devait être un séjour de cinq minutes s’est compliqué drôlement vite. Aucun des vendeurs que nous avons vus n’a pu nous aider. Les seules cartes disponibles étaient des cartes de la région ou des cartes du continent plutôt vieilles. Les gens s’étaient rués sur toutes les cartes qui valaient la peine à cause de toute l’activité qui régnait en ville. Je savais que ce congrès allait me causer des problèmes! Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour être n’importe où sauf ici.
Too bad wishful thinking doesn’t work with me…

J’ai commencé sérieusement à désespérer. J’ai même commencé à me dire que je préférais encore partir d’ici, direction quelque part au sud, en espérant tomber un jour sur Eomiss. Pas nécessairement la chose la plus brillante à faire, mais rester ici trop longtemps ne serait pas bon pour ma santé. Heureusement, un des vendeurs nous a suggéré d’aller voir les capitaines de airships. C’était sans doute les seuls qui possédaient des cartes dignes de ce nom. Je savais que le port était vers l’est (ou était-ce vers l’ouest?) alors je me suis préparée à sortir ma boussole pour m’y diriger. Mais Callystus a été plus rapide et elle s’est servie de son scanner, faisant apparaître la ville en miniature devant nos yeux. C’est moi qui ai zéro sens de l’orientation et c’est elle qui a le gadget super cool.
That’s so unfair… Why can’t I have one of these?

Nous sommes arrives au port sans problème, mais aucun capitaine ne pouvait (ou ne voulait) nous aider. Il y en a même un qui a flirté avec nous d’aplomb. C’en était tellement évident que c’en était gênant, pour tout le monde. Il nous a même invitées dans sa cabine! Non, mais! Pour qui me prend-il? Callystus n’a pas compris du tout à quoi il faisait allusion, mais moi oui et ça m’a mise extrêmement mal à l’aise, pour ne pas dire… J’ai essayé de lui faire comprendre gentiment que je n’avais aucune envie de le suivre dans sa cabine, mais je me sentais si mal que ça sortait tout croche, ou alors c’était lui qui était vraiment borné. Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans «je voudrais juste jeter un coup d’œil à une carte du continent et pas…»? Il a même essayé de m’avoir avec une fleur! J’étais découragée et Callystus était… presque scandalisée que je l’aie acceptée. I only did it so that he would leave me alone. What’s the big deal? Et pourquoi lui réponds-tu que tu as déjà été mariée alors qu’il t’en offre une aussi? Quel est le lien entre le mariage et une fleur?

Nous avons éventuellement réussi à échapper à la présence très envahissante de cet homme, mais non sans m’être fait offrir sa carte d’affaire… qui était rose avec des froufrous et… parfumée. Juan Julio Inglesias. J’espère ne jamais le revoir.

De retour au sol, nous en étions revenues à notre point de départ : un besoin urgent de quitter la ville (en tout cas dans mon cas) et aucune carte pour nous indiquer la direction à prendre. Je pense que nous n’aurons pas le choix de partir et d’y aller à l’aveuglette, en espérant ne pas trop nous perdre. J’allais le dire à Callystus, mais elle a soudainement disparu! Elle m’a demandé de l’attendre là puis je n’ai plus eu de signe d’elle. Mais à quoi tu penses?! Comment suis-je censée te protéger si tu disparais et que tu pars vagabonder dieu-sait-où?! I’m so going to kick her butt when she reappears. Mais pour l’instant, je n’avais pas d’autre choix que de l’attendre.

Quand elle a fini par réapparaître, je me suis retenue à deux mains pour ne pas l’étrangler. Tu as décidé que me compliquer l’existence serait ta mission dans la vie? Tu n’étais pas obligée de me prouver une deuxième fois à quel point j’étais pourrie pour te surveiller. Où est votre fille? Je ne sais pas. Des fois elle touche à des objets qu’elle ne devrait pas toucher… Des fois elle disparaît sans prévenir…

Son geste partait peut-être d’une bonne intention (aller trouver une carte), mais c’était loin d’être la chose la plus brillante à faire. J’ai été si contrariée et si… J’espère que ça n’a pas trop paru. J’ai seulement dû avoir l’air frustrée, comme d’habitude…

Comme nos recherches ne nous menaient nulle part, je ne voyais qu’une seule autre option (à part errer à tout jamais sur le continent) : aller voir Raïko. Il avait dit qu’il nous devait une faveur, alors je ne pense pas que lui demander des indications précises sur comment se rendre à Eomiss serait trop demander. Que les choses soient quand même claires : j’aurais préféré ne pas avoir à y aller. J’aurais tout donné pour ne pas avoir à le faire. Mettre les pieds dans une église devait compter comme l’une des choses que je détestais le plus au monde. C’était comme entre dans le quartier général de mon plus grand ennemi. Je suis certaine que ça ne se passera pas bien. Si un seul prêtre ose m’approcher pour me proposer support moral ou aide spirituelle, je jure que je vais le frapper.

Raïko se trouvait au temple du Crescent Moon. C’était un édifice assez impressionnant, qui n’aurait pas dû a priori me déranger, mais c’est ce qui se trouvait à l’intérieur qui me posait un problème. J’ai hésité, tellement que ça a paru et que Callystus m’en a fait la remarque. Quoi? C’est sûr que ça me dérange. Un édifice rempli de prêtres et de paladins… Tu dois t’être rendue compte à quel point je ne les portais pas dans mon cœur.

C’est donc très à reculons que je suis entrée dans la bâtisse. Heureusement, Callystus a rapidement retrouvé Raïko grâce à son scanner. Il n’a pas eu l’air très content de nous voir, mais quand il nous a reconnues, il s’est excusé. Il avait l’air d’avoir eu aussi une longue journée alors ça m’a gênée de lui rappeler qu’il nous devait une faveur. Préférant me débrouiller toute seule, ça me gênait toujours de quémander de l’aide. Raïko avait sans doute des tonnes de choses plus importantes à faire que d’aider deux pures étrangères, mais il a été assez gentil pour nous conduire jusqu’à son bureau pour nous montrer les cartes du continent qu’il possédait. J’étais contente. Mon séjour dans cette ville de fous tirait enfin à sa fin.

Puis Raïko a commencé à me regarder bizarrement et à dire des trucs encore plus étranges. Ceux qui nous poursuivaient allaient continuer à le faire. Si je m’éloignais de tout ça, pourquoi le feraient-ils? Ma vie était très bien avant que je ne rencontre tout le monde. Raïko ne m’a pas crue. Rien d’étonnant à ça. D’ailleurs, qui essayais-je le plus de convaincre : lui ou moi? Probablement les deux. Ma vie, autant avant que maintenant, est tout ce qu’il y a de plus merdique. Je suis meurtrie, incroyablement triste et encore plus seule.

Mais peu m’importais les avertissements de Raïko. Je préférais encore retourner à Eomiss plutôt que de rester ici et aider à sauver le monde. Mais il a continué en disant que si je quittais la ville, j’allais revivre le même sort que j’avais déjà vécu. Callystus aussi et après elle allait mourir. Je suis devenue blanche comme un drap. Comment peut-il être au courant de… ce qui m’est arrivé? Il a révélé que quelques fois, il lui arrivait de «voir des choses». Je me doute bien que ce n’est pas votre faute, mais merci. Merci beaucoup de m’avoir rappelé tout ça. J’en avais vraiment besoin...

Raïko ne comprenait pas pourquoi je tenais absolument à quitter la ville. Il a dit que je ne tenais pas à la vie. Que répondre à ça? Si je voulais vraiment mourir, je suppose que je me serais tuée il y a longtemps, mais d’un autre côté, si je tenais vraiment à la vie, je… En réalité, peu m’importait ce qui m’arrivait, mais je ne voulais pas que Callystus souffre par ma faute. Je lui ai suggéré de retourner avec les autres pour les aider à sauver le monde. Moi j’allais aller… faire autre chose. Elle a cru que j’avais peur. Des guardians, de la grandeur de cette mission. J’aimerais que ça simplement le cas, mais non. Pourquoi ne peux-tu pas comprendre? Pourquoi personne ne peut comprendre que je ne veux pas d’un destin pareil, pas quand on me dit que toute ma souffrance était prévue d’avance afin de me préparer à ce destin? Ce n’est pas…

Peu importe. Je ne pouvais plus rester ici et protéger Callystus dans ces circonstances. J’espère qu’elle a compris le message. Je me suis dirigée vers la porte. Je ne savais pas ce que j’allais faire. Une chose était certaine, je ne pouvais pas quitter la ville pour l’instant. Je n’avais aucune raison de croire Raïko, mais lui n’avait aucune raison de me mentir. Je n’avais pas le choix de le croire. Je ne pouvais pas partir, mais je ne voulais pas rester non plus. Tout ce dont j’avais envie c’était d’aller m’enfermer là où personne ne risquait de me déranger et de pleurer. Ça faisait des années que ça ne m’était pas arrivé, des années que je m’en empêchais, mais aujourd’hui je me sentais sur le point de craquer. Me faire rappeler de si mauvais souvenirs après tant de temps à avoir tout fait pour ne pas y penser m’avait atteinte de plein fouet.

Je me suis dirigée d’un pas rapide et décidé vers la porte. Si je restais ici un instant de plus, j’allais me mettre à pleurer devant Raïko et Callystus et ça, je m’y refusais totalement. J’ai ouvert la porte… pour me retrouver face à face avec le prêtre. You remember that annoyingly nice priest? Well that one. J’ai refermé la porte avant même d’entendre la fin de son «bonjour». Ça y est, je suis en plein cauchemar… Mais si je ferme les yeux, que je prends une grande inspiration et que je rouvre la porte, je me rendrai peut-être compte que ce n’étais qu’un rêve… Un… Deux… Trois… Et…